
Amours vagabondes
Ils arrivent généralement dans deux voitures séparées et ont l’air heureux et impatients de se retrouver. Le soir à table, on sent bien que Quelle que soit la qualité des plats ou de la conversation, leur esprit n’est pas là, ils rêvent d’ailleurs. Un ailleurs assez accessible puisque juste derrière la porte de leur chambre à quelques mètres à peine de la table. Mais après l’apéritif il faut encore attendre l’entrée puis le plat … par malheur ici ce n’est pas fromage ou dessert, mais fromage ET dessert, deux fois plus long en somme. Et comme si cela ne suffisait pas il faut que la maîtresse de maison propose une tisane d’une voix si aimable qu’il semble impossible de refuser. Ils ont bien essayé de se concentrer sur le repas, mais rien à faire, leurs regards n’ont censés de se croiser, leurs mains de se frôler, chaque passage de plat a été le prétexte à se toucher, se rapprocher.
Le lendemain matin ils vont flâner un peu au lit, prolonger le bien-être et leur intimité puis il faudra se replonger dans la compagnie –pourtant sympathique- des autres convives et partager le petit-déjeuner. Ils auraient aimé qu’à cette heure là tout le monde soit parti, mais il y a toujours quelques traînards qui aiment raconter ce qu’ils ont visité la veille, ce qu’ils font dans la vie, ce qu’ils aiment par-dessus tout… Ils n’auront pas leur tête à tête du matin, pas plus qu’ils ne l’avaient eu la veille en table d’hôte mais ils ont eu leur saoul de complicité dans le cocon de leur chambre pendant la nuit, alors ils se prêtent de bonne grâce à ce nouveau moment de relations sociales.
Avant de partir en ballade, ils sonnent à la porte et nous demande s’ils pourront rendre la chambre un peu plus tard que les 10h30 du règlement. Ils tâtent le terrain, tentent un timide «en début d’après-midi ça vous ira ? » testent notre réaction, voient que nous semblons ouvert sur la question et finissent par formuler leur vrai demande « 16 heures ça vous irait aussi ? Comme ça on pourrait se reposer un peu avant de prendre le volant ? ». Ils ne voient pas notre , pensent que nous sommes dupes de cette demande anodine d’une sieste reposante avant de prendre la route. Nous ne nous regardons pas avec Marie-Hélène, de peur de sourire de façon trop visible et leur accordons cette requête « parce que c’est important d’être prudent en voiture ! ». Vers 16h30 ils finiront par sortir de la chambre, nous règleront le séjour. C’est monsieur qui paiera, parce qu’il est galant homme, c’est lui aussi qui avait fait la réservation. Nous ne connaîtrons jamais le nom de madame, c’était surement le même que celui de monsieur bien sur ! Ils mettront encore une demi-heure à se séparer sur le parking puis chacun rejoindra sa voiture, l’un prendra peut-être une route vers le nord et l’autre vers le sud…
Couple légitime ou non, nous ne le savons jamais mais finalement l’amour est toujours légitime, non ?
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