
Aujourd’hui c’était jourdavi
Quand c’est jourdavi c’est pas exactement comme d’habitude. Bien sur on garde le sourire, on plaisante avec les clients de la table d’hôte, on a toutes les apparences de la bonne humeur et de l’amabilité. Mais comme c’est jourdavi, à l’intérieur c’est pas vraiment ça. On a un peu l’impression de jouer une pièce, le coup de feu en cuisine ressemble davantage à une entrée en scène. C’est comme ça… c’est jourdavi. L’importante c’est que personne ne s’en rende compte.
Mais on sait bien l’un l’autre que l’on y pense. Pas à chaque seconde mais plusieurs fois dans la journée…et si l’un fait une allusion, l’autre n’a pas besoin de demander de quoi il parle… car il y pensait aussi, c’est comme ça quand c’est jourdavi !
Un jourdavi ça fait toujours mal, c’est le principe du jourdavi. Que celui qui en est à l’origine l’ait consciemment voulu où pas, le résultat est toujours le même. Il faudra plusieurs jours, plusieurs semaines pour les pires jourdavi pour -non pas que l’on oublie- mais que l’on puisse en sourire avec recul.
Alors aujourd’hui c’était jour d’avis. Avis de tempête, jour où t’en chie…
C’est comme ça maintenant, pendant que l’on supprime les notes à l’école on les a introduit à peu près partout ailleurs ! Alors nous sommes notés, qu’on le veuille où non. Bien sur souvent c’est notre travail qui est noté, il faut savoir accepter cette critique, il se peut que la chambre n’est pas été parfaitement propre, il se peut que le plat ait été trop poivré… Parfois ce sont des choses curieuses qui sont notées comme notre « situation géographique ». « Je leur mets 0/10 en situation géographique parce qu’ils sont a la campagne et que je voulais réserver en ville, parce qu’ils sont dans ce département et moi je rêvais de vacances dans le département d’à coté ». Oui désolé la prochaine fois on fera mieux, on se déplacera dans le département d’à coté juste pour vous.
Mais souvent c’est aussi notre personne qui est évaluée « les propriétaires sont inutiles », « nous ne partageons pas leurs valeurs », « ils n’étaient pas aimables » et ça ça fait très mal. Ca fait très mal parce que nous passons plusieurs heures ensemble avec nos clients, nous discutons, nous refaisons le monde, nous sommes à leurs petits soins, nous savons exactement qui est passé quand et qui a donc écrit chaque avis… on repense à la soirée, au moment où pour eux les choses ont pu déraper, ce que l’on a pu dire, faire, de pas dire ne pas faire, on s’interroge, on doute, on se remet en cause… on a été noté et ce jour là humainement on a reçu le bonnet d’âne alors c’est jourdavi…
Aujourd’hui c’était jourdavi…