
Ca va banquer 2/2 – On va pas s’mentir…
Ce billet est la suite (et la fin) de celui de la semaine dernière – que nous vous conseillons donc de lire au préalable.
Nous changerons définitivement d’approche le jour où, lors qu’un nième rendez-vous, une employée nous propose une stratégie imparable pour que nous obtenions notre prêt relais. « Le mieux, nous dit-elle avec le plus grand sérieux, ça serait que vous déménagiez dans un appartement le temps que votre maison se vende et dès que vous avez signé un compromis de vente vous revenez nous voir et là on vous fera sans soucis le prêt relais puisqu’on aura la garantie que la maison se vendra bien ! » Incroyable mais entièrement vrai, dans la mesure bien sûr de ce qui peut être vrai dans un blog qui raconte une vie imaginaire ! C’est ce jour là qu’on a compris qu’on n’y arriverait pas comme ça !
Notre plan était diabolique : ne plus nous présenter comme des genres de bobos voulant se la couler douce à la campagne en gérant des chambres d’hôte mais comme d’honnêtes fonctionnaires aux revenus confortables qui souhaitaient acquérir une résidence secondaire dans un coin du centre de la France. Restaient deux obstacles : réussir à tenir un mensonge à un rendez-vous et retrouver notre calme face à un conseiller bancaire. La mission semblant hors de portée, nous pensons alors à sous-traiter la chose, en ayant recours à un courtier en prêt bancaire. Lui au moins ne s’énerverait pas et saurait exactement ce qu’il faudrait dire et ne pas dire à une banque, et nous, nous n’aurions pas à mentir aux banques (juste au courtier J ). Sitôt dit sitôt fait, nous avons rencontré un courtier qui a souris de plaisir lorsqu’il a compris la simplicité de notre dossier et de notre situation financière. Au regard de nos salaires et de notre apport, il nous a même proposé de raccourcir la durée du crédit, ce que nous avons aimablement refusé (parce que bon, nous on savait bien qu’on ne le toucherait plus notre salaire !). Dès la première rencontre il nous a déjà indiqué les banques qu’il contacterait et auprès desquelles il était sûr que le dossier passerait. Dans la foulée il nous a même annoncé un taux d’intérêt « au plus haut, je suis sûr de pouvoir descendre en dessous ! » La chose était assez ubuesque, les banques refusaient de nous prêter de l’argent pour acheter une maison en vendant la notre mais semblaient de pas voir de problème à nous le prêter pour en acheter une deuxième… la logique nous restait mystérieuse mais c’est surement pour cela que nous n’envisagions pas de faire notre changement de vie dans la finance !
Assez curieusement, sur un dossier aussi facile, le courtier a pris son temps. Et du temps nous n’en avions plus guère… Il faut dire que pour être sûr d’obtenir la propriété que nous visions nous avions signé un compromis de vente sans clause suspensive concernant l’obtention de notre crédit. En clair cela voulait dire que si nous n’obtenions pas le crédit dans les temps, le seul moyen d’annuler la vente était de payer le dédis de 10%… soit plus de 30 000 euros !
De temps en temps le courtier nous donnait de ses nouvelles, nous demandant une précision ou la copie d’un bulletin de salaire, nous envoyant une enquête de santé à remplir pour l’assurance… mais toujours pas d’offre ferme…
De notre côté nous avancions aussi sur d’autres démarches : celles de la création des deux sociétés qui allaient racheter l’une la propriété et l’autre le fond de commerce associé. Quelques formalités pouvaient se faire à distance mais -archaïsme curieux dans une époque hyper connecté, certaines devaient obligatoirement se faire sur place. Ainsi les statuts des sociétés ne pouvaient qu’être remis en main propre au service des impôts des entreprises du département de création des sociétés. Alors nous avons posé une journée de congé, nous avons pris tous les rendez-vous nécessaires et nous sommes parti faire sur place toutes ces fameuses démarches administratives. Dans le lot, il nous fallait rencontrer la future banque de nos sociétés pour y déposer sur un compte bloqué le capital social des dites sociétés. Ce que nous prenions pour une formalité d’usage nous a en fait sauvé la mise. Lorsque nous sommes entrés dans le bureau de notre future conseillère bancaire, nous avons tout de suite remarqué que les mètre carrés immobiliers étaient manifestement beaucoup moins cher ici que d’où nous venions ! Pas moyen de se cacher dans un angle mort, il y avait de la place pour tout le monde ! C’est après avoir expliqué l’objet de notre rendez-vous que la conseillère nous a posé une question que nous n’attendions pas « vous voulez juste déposer le capital social, pourquoi vous ne me demandez pas de crédit ».
Je crois que nous avons un peu bredouillé, puis nous ravisant nous y sommes allés au culot.
« Oui on peut vous le demander si vous voulez, mais nous avons un courtier qui travaille sur notre dossier et voici le taux qu’il nous propose ».
« Et vous avez déjà signé le prêt ? »
« Non pas encore mais c’est pour bientôt »
« Alors ne signez pas, je vais pouvoir m’aligner, un peu en dessous même. »
Nous lui avons remis un exemplaire du business plan que j’avais avec moi, ici pas besoin de mentir, bien au contraire ! Et quelques jours plus tard nous avons signé notre prêt. Il est arrivé sur notre compte quelques heures seulement avant l’appel de fond du notaire… et personne n’en a jamais rien su !