
Campagne d’affichage
Décider de changer de vie c’est une chose. Mais lorsque l’on a quatre enfants, ça ajoute une autre dimension au projet ! Je me souviens d’un ancien collègue de travail, dans ma vie d’avant, qui m’avait dit un jour chercher une nouvelle maison car sa femme attendant un second enfant et que son actuelle maison allait devenir un peu petite. Et il avait ajouté « mais ce n’est pas simple car il faut que la nouvelle maison soit dans la même rue que nous habitons actuellement car tu comprends, on ne voudrait pas que la petite soit obligée de changer d’école. »
Bon en fait, non, je ne comprends pas… Avant d’arriver dans ce coin du centre de la France, nous avions déjà déménagés trois fois. Nos trois premiers enfants sont nés dans trois villes différentes de trois régions de France différentes. A chaque fois nous avons laissé des choses derrière nous mais toutes les fois nous avons déplacé avec nous l’essentiel : le douillé de notre foyer familial, les amitiés capables de traverser les kilomètres et … le doudou des enfants !
C’est la petite dernière qui nous avait fait cette révélation amusante. Le jour où nous avons annoncé aux enfants que nous allions changer de vie, partir loin pour s’occuper de chambres d’hôte, du haut de ses 7 ans, elle a réfléchi un moment -elle qui n’avait encore jamais connu de déménagement- et nous a demandé : « mais est-ce que je pourrais emmener mon doudou ? ». La réponse ayant été positive, la suite s’est bien passée. Probablement avons-nous été égoïste en pensant d’abord à nous. Mais nous nous sommes dit que si nous avions besoin de ce changement c’était pour qu’il nous rende heureux et que si nos enfants avaient des parents heureux c’était surement une bonne chose pour eux ! Alors nous avons fait en sorte qu’ils soient parties-prenantes de ce grand projet familial mais nous ne leur avons pas demandé leur autorisation !
Et c’est à ce moment là que nous sommes devenus les parents tortionnaires d’une société de l’enfant roi ! Enfin c’est ce qu’on a fini par se demander à force d’entendre cette question : « mais les enfants, ils ont bien pris que vous déménagiez à la campagne ? ». Parce qu’à travers cette question, nous comprenons bien qu’en bons tortionnaires c’est bien une double peine que nous avons infligé à nos enfants ! D’abord celle de les faire déménager, les obligeant à quitter leurs amis, leur maison, leur école… mais aussi celle de les arracher à la ville pour les placer à la campagne. Parce que le « mais » de cette question sous-entend tout de même que par défaut il serait tout à fait logique que nos enfants aient mal pris de devoir vivre à la campagne. Parce que tout le monde sait que l’habitat naturel de l’enfant homo sapiens sapiens, c’est la ville, ce truc crasse et pollué qui réduit son espérance de vie et l’oblige tous les jours à lutter contre les tentations plus où moins addictives qui s’offrent à lui.
Mais nos enfants savent bien ce que ça veut dire la campagne, parce qu’ils la connaissaient déjà avant d’arriver ici. La campagne, ils y vivaient quand ils allaient chez leurs grands-parents agriculture et ils y campaient à chacun de leurs camps scouts. La campagne pour eux, c’est surtout synonyme de grande liberté. Qui aurait peur qu’il leur arrive quelque chose en traversant le chemin en haut de chez nous ? Quel fanatique viendrait poser une bombe dans ce trou perdu ? Parfois l’un d’eux vient nous dire qu’ils se sont préparés un gouter et qu’ils partent « suivre le ruisseau ». On ne se dit rien de plus précis, ni à quelle heure ils rentreront, ni où exactement ils iront. On sait bien que le pire qu’il puisse arriver c’est que l’un d’eux revienne avec les pieds trempés car « sans faire exprès » ils auront tellement pataugé dans le ruisseau que l’eau aura fini par passer par-dessus les bottes ! Et quoi ? Il faudrait les empêcher de vivre ça ?
Et puis la campagne leur a « rendu » leurs parents. Parce qu’avec elle, est venu une nouvelle vie où nous sommes toujours à la maison, pendant les vacances, quand ils rentrent plus tôt de l’école, le jour où ils sont malades… Alors oui, ils l’ont plutôt bien pris !
Et puis cette année, le wifi est arrivé à l’Aupenade, alors vous imaginez le bonheur ! Vivement l’année prochaine que l’électricité arrive aussi et on pourra enfin se connecter à internet. Ne restera plus qu’à attendre l’eau courante et on aura retrouvé la civilisation…