C’est même à ça qu’on les reconnait !

La première année, nous acceptions tout ! Nous voulions tellement être sûr que notre nouvelle vie serait viable d’un point de vue économique que nous acceptions tous les séjours sans condition aucun et toutes les demandes de table d’hôte. Et puis nous avons appris que dire oui à tout pour être sur d’engranger du chiffre d’affaire présentait le double inconvénient de nous épuiser mais également de ne pas toujours être pertinent du point de vue économique.

Accepter par exemple de servir la table d’hôte même s’il n’y a qu’une chambre à la demander ce soir là est anti-économique. Nous mangeons toujours avec nos clients et évidemment nous mangeons la même chose qu’eux. Une table d’hôte pour deux personnes signifie donc que deux personnes vont payer le prix de deux repas alors qu’il y en aura quatre qui seront servis ! Et si en plus le repas a été payé via un partenaire qui nous ponctionne une commission, autant vous dire qu’il ne restera pas grand chose à la sortie, voire, nous en serons de notre poche !

Ainsi, lorsque -pendant notre première année- une client nous a réservé une nuit en plein milieu du week-end prolongé de Pâques, nous avons accepté. Il faut dire qu’à ce moment là nous n’avions pas vraiment remarqué que ça tombait sur le week-end de Pâques ! Nous étions prêts à tout accepter… enfin pas exactement tout… la suite de sa demande allait nous le montrer :

« _ Je viens dans le cadre d’une box, mais c’est une box pour deux personnes et j’ai deux enfants.

_ Il n’y a aucun souci, dans ce cas nous vous mettrons dans la grande chambre familiale. Vous aurez juste à payer le supplément correspondant aux deux lits et aux deux petits déjeuners supplémentaires.

_ Madame vous pourriez être commerciale et m’offrir le coût pour mes enfants ! »

S’en est suivi une longue négociation où Marie-Hélène reste sur sa position (pourquoi offririons nous à manger à des gens que l’on ne connaît pas alors que c’est notre seul gagne pain ???), ne comprenant pas que la cliente n’arrive pas à accepter l’idée que notre travail ait une valeur ! De guerre lasse et devant bien trouver une issue à la situation elle finit par annoncer :

« Bon je crois que le plus simple sera que vous alliez réserver ailleurs. Vous avez créé une telle tension entre-nous que je n’imagine plus pouvoir vous recevoir chez moi, ça serait trop dur humainement. »

L’histoire pourrait en rester là, elle serait déjà édifiante, mais la vie nous réserve de bien meilleurs scénarios !

 

Quelques jours plus tard la cliente nous rappelle, toute penaude et suppliante : avec une box personne n’a voulu l’accepter pour une seule nuit au milieu d’un week-end de trois jours et elle a déjà réservé ses places dans un parc d’attraction du secteur. A avoir voulu trop gagner elle se rend compte qu’elle risque bien de perdre de l’argent ! Elle se confond en excuse pour la manière dont s’est déroulé la première prise de contact « Bien sur je paierai ce qu’il faut pour les enfants. Il faut me pardonner, je suis commerciale, c’est une déformation professionnelle, j’essaie toujours de tout négocier… ». Pour ceux qui en doutaient encore, Marie-Hélène a un cœur d’or, alors bien sur elle a ravalé son orgueil et a enregistré la réservation.

Mais il faut bien dire que, la date approchant, nous commencions à redouter un peu la rencontre. Notre nouvelle vie vaut beaucoup par l’aventure humaine de la rencontre qu’elle nous apporte. Et la, avant même de commencer, la rencontre était partie sacrément de travers… Mais nous n’étions pas au bout de nos surprises…

 

Samedi de Pâques, milieu d’après-midi, nouveau coup de téléphone :

« _ Je vous appelle parce que nous avons un gros problème. Nous sommes actuellement à Lille pour l’enterrement d’un proche. Alors vous comprendrez bien que nous ne pourrons pas être chez vous ce soir, c’est un cas de force majeur… »

La ficelle est énorme et malgré notre expérience à peine naissante à l’époque, nous ne sommes pas pour autant des lapins de 6 semaines et voyons bien où elle veut nous emmener !

« _ Merci d’avoir a eu la gentillesse de nous prévenir. C’est vraiment triste, nous vous présentons toutes nos condoléances et vous souhaitons beaucoup de courage dans cette épreuve.

_ D’accord merci, mais ce que je voulais voir avec vous c’était la manière dont vous allez nous rembourser, car bien sur vous allez nous rembourser ? »

Ça ce n’est plus une négociation commerciale, ça ressemble beaucoup plus un à coup de téléphone au Père Noël ! Rembourser une box, donc un séjour qu’elle n’a elle -même même pas payé ! Et tout cela le jour même, le week-end de Pâques alors qu’elle nous avait déjà empêché de louer la chambre pour la seconde nuit de ce week-end prolongé ? Sans compter ce fameux « cas de force majeur », l’enterrement qui tombe le jour pour le jour sans prévenir et cette téléportation surprise à Lille sans possibilité de prévenir avant.

« Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. » Michel Audiard

One thought on “C’est même à ça qu’on les reconnait !

  1. L’influence de sa profession sur son comportement en société mériterait un recueil voir une thèse. Au risque d’interdire certains métiers . ( pas : pensez vous que si elle avait été couvreur, elle aurait proposé de vous refaire la toiture ? )

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