
L’homme qui s’use quand on s’en serf
Quand on écoute les informations, face à la barbarie de nos congénères , on a parfois envie de s’écrier : mais bon sang, on n’est plus au moyen-âge. Le moyen âge, vous savez cette époque très lointaine de cruauté où des hommes en exploitaient d’autres. Cette époque où tous les hommes avaient besoin de nourriture pour vivre mais où ceux qui étaient les seuls à la produire étaient aussi ceux qui avaient curieusement le plus de mal à se nourrir. Pendant que seigneurs, bourgeois et clergés attendaient leur pitance, serfs et autres esclaves labouraient durement la terre mais n’en conservaient pas beaucoup de ses fruits pour eux.
Heureusement tout cela est terminé, des siècles de progrès technique économique et social sont passé par là. Voilà les pensées qui me traversaient l’esprit l’autre soir.
Nous avions à table parmi nos convives un couple d’agriculteur. Enfin pas exactement puisque madame ne travaillait pas sur l’exploitation, comme c’est souvent le cas, pour être sur qu’un salaire rentrerait bien à la maison tous les mois. Le gars élevait des agneaux dans un coin aride du sud de la France. D’ailleurs des torrents de caillou roulaient dans son accent à chaque parole. Sa peau était tannée de soleil et il paraissait probablement bien plus âgé qu’il n’était vraiment. Il était là parce que quelqu’un un jour lui avait offert ce coffret cadeau sinon comme il disait « on n’aurait jamais pu se payer un truc pareil ». Un truc pareil… une nuit en chambre d’hôte, petit déjeuner compris et un dîner pour deux en table d’hôte ; vous imaginez ; une véritable fortune ! Même s’il fallait tendre l’oreille pour comprendre ce qu’il disait au milieu de son accent, on prenait plaisir à écouter son intérêt pour la vie. A un moment de la conversation, il comprit que la gestion des chambres et de la table d’hôte était notre seule activité professionnelle, contrairement à certains de ses collègues agriculteurs qui y voient un petit complément de revenu toujours bienvenu. Alors il nous demande, un peu surpris « mais vous arrivez vraiment à en vivre ? ». La question est touchante… nous connaissons bien le monde agricole, nous n’approvisionnons notre table d’hôte qu’en produits locaux des fermes des environs et nous discutons souvent avec les agriculteurs, nous les voyons vivre de semaines en semaines, nous voyons comment un coup de gel au mauvais moment peut mettre à mal toute une année, comment un fourrage mal fermenté peut vous tuer quelques bêtes en un rien de temps… alors qu’un agriculteur nous pose cette question…
« Ca dépend de ce qu’on a besoin pour vivre, mais oui, on considère qu’on arrive à en vivre même si c’est très modeste. » Le gars est l’honnêteté incarnée, je n’ai pas envie de tourner autour du pot alors j’ajoute « avec Marie-Hélène on arrive à se verser tous les mois 700€ chacun et avec ça et les alloc on arrive à vivre avec nos 4 enfants. Mais je suis sûr que même comme ça on gagne bien plus que vous… » Je ne prends pas trop de risque, un tiers des agriculteurs en France gagnent mois de 350€ par mois ! Il n’ose pas confirmer oralement, mais son hochement de tête dit le reste. Ce gars là gagnerait mieux sa vie en vendant toutes ses bêtes, en faisant des chambres dans ses granges et en accueillant des touristes ! Mais lui ce qu’il aime c’est s’occuper de ses agneaux…
Ce qu’il aime c’est fabriquer notre nourriture pour que tous ceux qui n’en produisent pas puissent tout de même se nourrir… mais pour lui les chose seront un peu plus compliquées… Heureusement on n’est plus au moyen-âge… enfin sauf à considérer que les agriculteurs sont les derniers serfs… mais qui pourraient y croire ? pas au XXIème siècle en tout cas !
je devrais peut-être arrêter le rosé, ou dormir un peu plus en fait, j’en sais rien…Domaine de l’Aupenade !?…je lis avec bcp de plaisir les différents récits. Au début, car publié par toi, je pensais, (avec un gros doute car en temps en temps je reconnaissant ton authenticité à la rédac), que tu mettais en ligne les anecdotes d’une autre maison d’hôtes que la tienne, que tu trouvais la plume du rédacteur agréable à lire, pleine de vérité, avec de l’humour parfois et qu’en fait par la proximité de vos deux maisons respectives, il y a avait de l’entre aide, du partage et une vision commune de la vie…….que nenni….je viens de m’apercevoir ( et oui parfois il me faut du temps pour…et je te cache l’heure à laquelle j’ai pensé à ça…..) qu’en fait il s’agit de ton histoire, votre histoire, romancée ou pas, véridique ou pas. Là, il est 6 ou 7h du mat’ et pour un w end, c’est tôt pour écrire ces quelques mots qui me font sourire; c’est chouette de sourire à cette heure matinale, ……..ok promis je vais arrêter le rosé, en attendant les prochaines, bonne continuation à M Hélène, J Michel, j’en ris encore…..