
Mais qui a dormi dans mon lit ?
Lorsque les clients arrivent à l’Aupenade pour démarrer leur séjour, nous essayons d’être le moins administratif possible. Nous ne demandons par exemple pas le solde du séjour au moment de l’arrivée, comme cela se fait dans certains endroits, mais plutôt au moment du départ. De même, lorsqu’un client arrive, nous ne lui demandons son nom que si nous ne sommes pas en mesure de le deviner par nous même. Si ce soir là nous n’attendons qu’une seule famille avec enfants, autant les emmener directement dans la chambre qu’ils ont réservée sans leur demander de décliner leur identité.
C’est ainsi qu’un soir, alors que nous n’attendions qu’un couple de client, j’ai accompagné monsieur et madame Gournay dans leur chambre dès leur arrivée sans passer par la case présentation. Une heure plus tard, un autre couple sonne à la porte. Je les salue, interloqué. Je leur explique que nous n’attendons plus personne ce soir. Ils sont surpris « pourtant nous avons réservé au nom de Gournay ! ». « Ah oui, monsieur et madame Gournay. Effectivement on vous attendait bien ce soir. Mais j’ai déjà accueilli quelqu’un dans votre chambre… et si vous êtes bien la famille Gournay, alors je ne sais pas qui est dans votre chambre… »
Heureusement, ce soir là nous n’étions pas complet. Nous avons donc installé les vrais monsieur et madame Gournay dans une chambre avant de partir enquêter pour savoir qui squattait la chambre de nos clients. Il y a à l’Aupenade des missions plus stratégiques que d’autres, qui vont nécessiter plus de diplomatie et de subtilité. C’était clairement le cas de celle-ci. C’était donc une mission pour Marie-Hélène !
La voilà donc qui toque à la porte de nos clients mystères pour leur demander de décliner leur identité. Leur nom ne nous dit absolument rien et bien sur il ne figure pas dans notre planning de réservation, ni pour ce jour, ni pour un autre ! Pourtant ils sont sûrs d’eux : « Nous avons bien réservé chez vous. D’ailleurs c’est votre mari qui avait répondu au téléphone, on a reconnu sa voix en arrivant ! Nous venons avec un coffret cadeau Box. »
Marie-Hélène revient à la maison et je me fais gentiment sermonner. Même si je ne réponds que rarement au téléphone, cela m’arrive parfois et nous sommes effectivement partenaire Box. L’histoire est plausible. J’aurais oublié de renseigner le fichier de résa… pourquoi pas… Bon, et après tout la bonne nouvelle c’est que nous avons une chambre de plus qui est réservée pour la nuit. Le soir en table d’hôtes nous plaisantons tous ensemble de la mésaventure. Il faut dire que l’histoire finie bien car il nous restait encore une chambre. Pas comme ce fameux soir de la Saint Valentin où un jeune couple de client qui avait pourtant réservé n’avait pas pu dormir là car nous étions déjà complet et que nous avions noté par erreur sa réservation pour le lendemain ! Joyeuse Saint Valentin !
C’est quelques jours plus tard que le pot-aux-roses a été découvert, au moment où nous avons voulu enregistrer le chèque cadeau Box sur le site internet approprié pour nous le faire payer. Il était indiqué que ce chèque était déjà bloqué pour une réservation dans une autre maison d’hôte. Le nom de cette maison d’hôte ne nous était pas inconnu ; forcément il s’agissait d’un établissement dans un village pas très loin du nôtre. Nous appelons donc le gérant. Un homme nous répond, nous lui expliquons l’histoire et comprenons le quiproquo : « Effectivement ils avaient réservé chez moi, je les attendais même en table d’hôte. Le repas était prêt mais ils ne sont jamais venu et sans me prévenir ! »Nous expliquons qu’en fait c’est chez nous qu’ils ont dormi et mangé et exprimons notre incompréhension « Comment le client a t’il pu se tromper de chambre d’hôte de la sorte ??? » « Rien de bien étrange là dedans, nos deux établissements sont sur des pages cote à cote dans le catalogue d’établissement associé au chèque cadeau. Au moment de prendre la route ils ont juste regardé du mauvais côté de la double-page ! ». CFQD !